L’épidémie de Coronavirus prend de l’ampleur. L’industrie agroalimentaire travaille d’arrache-pied pour réapprovisionner la grande distribution,et ainsi nourrir le pays. Les salariés de ce secteur sont à leur poste de travail, mobilisées au service de la communauté nationale, malgré le confinement. Pourtant, ils doivent se protéger pour éviter d’être eux-mêmes contagieux ou contaminés, le risque étant mortel.
« Il est de la responsabilité de chaque entreprise d’engager des actions pour protéger les travailleurs de l’infection en milieu professionnel. L’élu CSE peut veiller à la santé au travail de ses collègues » précise Kawtar EL MOHANDISSE d’AXIUM Expertise, expert agréé par le ministère du travail. Voici les préconisations dans le détail.
Commencer tout d’abord par réorganiser le travail
Pour toute activité, il est nécessaire de revoir l’organisation et de supprimer les contacts à moins d’un mètre entre salariés. Il faut garantir aux travailleurs les EPI nécessaires.
Cette nouvelle conjoncture fait alors apparaître de nouveaux enjeux et modifie les rythmes de l’activité agroalimentaire. L’organisation devra être revue afin de l’adapter aux circonstances actuelles où le mot d’ordre est : protection absolue. La production agroalimentaire doit être maintenue et régulée durant ces temps difficiles, certes, mais chaque établissement doit concentrer l’activité uniquement sur les références majeures, en contrôlant la sécurité des livraisons et des expéditions.
Il est nécessaire d’identifier les postes sensibles qui ne peuvent s’opérer à distance afin de préciser les protections nécessaires. Les salariés absents doivent être remplacés en fonction de l’augmentation de l’activité. Il faut éviter le sous-effectif, sinon le groupe lèvera la protection au nom de la production.
Une fois les équipes identifiées, il faut mettre en place de dispositifs adaptés de coordination, de gestion des risques et de partage de consignes. Pourquoi ne pas utiliser des moyens techniques à distance pour partager simultanément l’information : tableaux de bord et reportings par exemple ? Cette approche est appropriée pour le secteur agroalimentaire.
Toujours un seul mot d’ordre : la protection !
Il faut l’affirmer : la protection des salariés est une manière efficace pour faire face à l’expansion de l’épidémie du Coronavirus. Les salariés seront sensibilisés à l’importance du port des EPI : masques, lunettes, gants …
Le CSE doit s’assurer de la disponibilité et de la qualité de ces équipements. Ils peuvent proposer à l’employeur quelques recommandations pour éviter le risque de contamination :
- Organiser et de réguler les flux pour les accès aux vestiaires, des pauses ou des repas ;
- Planifier les arrivées et départs avec les chefs d’équipes pour éviter tout regroupement ;
- Prévoir un affichage précis des règles de circulation au sein des ateliers mentionnant clairement les entrées, les sorties ou encore les files d’attente ;
- Le manager doit limiter les déplacements au strict nécessaire.
Limiter au maximum les contacts physiques
La recommandation numéro un : respect de la distance sociale. Oui, mais comment ? Pour les lignes en forte proximité, il est primordial d’organiser la production de manière à faire tourner les équipes alternativement et à supprimer les contacts à moins d’un mètre. Vous pouvez aussi prévoir l’occupation d’un poste sur deux ou ralentir les rythmes de production pour mieux écarter les opérateurs. Il y aussi la possibilité d’élargir les plages horaires pour avoir moins de personnes sur le site. Autre possibilité : les équipes doivent impérativement éviter les réunions et regroupements à l’intérieur et à l’extérieur des bâtiments.
Lavage des mains … toutes les heures !
Pour se protéger du coronavirus et limiter sa propagation, répètent les autorités sanitaires, un des «gestes barrière» efficace : maintenir une hygiène des mains. Les élus CSE doivent s’assurer que tout est à disposition : eau, savon, séchage par essuie-main à usage unique, poubelles …
Des solutions hydro-alcooliques doivent être également disponibles pour les phases avant et après la production. Des tutos sur le lavage des mains, disponibles sur le net, seront les bienvenus !
La présence sur site des élus du personnel est indispensable.
Sans oublier les surfaces de contact
Autre facteur de risque : le matériel utilisé, les postes de travail et les surfaces de contact … Le coronavirus peut y rester actif quelques heures. Il faut tout nettoyer et désinfecter. Quand ? Après chaque changement de salarié sur un poste de travail. Les élus CSE doivent veiller au respect de ces consignes applicables par exemples aux badgeuses, casques, pads, scanettes, casiers des vestiaires, chariots, transpalettes ou encore matériels de contrôle. Et ne pas oublier poignées de porte, rampes d’accès, … en fait tout ce qui attirent les mains.
Cadre légal : Obligation de prévention de l’employeur
Conformément aux articles L. 4121-1, l’employeur est tenu de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger la santé physique et mentale des travailleurs. IL a une obligation de résultat.
Les élus CSE doivent pousser l’employeur à évaluer continuellement les risques professionnels afin de réduire au maximum les risques de contagion (article R. 4121-2 du code de travail). En conséquence, des mesures doivent être prises en matière d’information et de formation et la mise en place d’une organisation et de moyens adaptés.
Dans le contexte actuel, la nouvelle évaluation doit être retranscrite dans la cartographie des risques et actualisée selon l’évolution des circonstances. Les mesures de prévention qui en découlent doivent être communiqués aux salariés afin de permettre leur pleine application.